Envol de Marina

De Rodolphe Corrion

Interprétation et scénographie
Maud Ribleur

Création lumière
Claire Gondrexon

Montage video
Suzana Pedro

Création costume
Bettina Ribleur

Mise en scène et scénographie
Rodolphe Corrion

L'histoire
Après des études parisiennes, Marina est retournée dans sa petite ville de province pour y être conservatrice au musée municipal. Elle a un grand projet : faire venir des œuvres de grands musées nationaux de façon permanente, pour améliorer le rayonnement de son modeste lieu. Les embûches politiques et logistiques ne manquent pas, mais Marina garde la tête froide et surmonte toutes les épreuves, quel qu’en soit le prix. Le jour de l’inauguration de la nouvelle aile du musée arrive enfin mais les gens du cru ne semblent pas vénérer l’art comme Marina le souhaiterait, ni, comme elle voudrait tellement le faire, prendre corps avec lui. Blessée, Marina va commettre le pire dans sa position : vandaliser des œuvres d’art à la vue de tous pour se venger des visiteurs. Marina sera conduite au poste de police, passera devant le juge et finalement verra son projet arrêté. Marina, dépitée, voudrait se transformer en oiseau et voler loin dans l’espace pour fuir un monde qu’elle ne comprend pas.
ENVOL DE MARINA dresse le portrait d’une femme passionnée qui veut transmettre les valeurs de partage et d’élévation par l’art auxquelles elle croit. A travers ses combats, on assiste au gré des scènes à la construction d’un personnage incroyablement humain : complexe, tenace et vivante, Marina est comme chacun de nous. Si l’art l’a rendu diplomate, elle réprime sans arrêt une grossièreté pourtant libératrice et un instinct animal assoiffé d’évasion.

La mise en scène
Quelle place occupe l’art dans notre société ? Le musée est-il un lieu sacré ou un grenier national ? Comment nous définissons-nous par rapport à l’art ? Combien de fois avons-nous dit « je vais aller voir telle expo » et ne l’avons jamais fait ? Paris regorge de musées et d’expositions temporaires, souvent très prisés. Dans la fameuse « province », grand sac maladroit où nous mettons l’au-delà du périphérique, le désert muséal est-il un fantasme ou une réalité ? A travers le personnage de Marina, c’est proprement la question des idées reçues sur l’art et les musées qui est abordée. Le spectacle propose une plongée frontale dans l’univers de Marina, conservatrice d’un musée «  de province », rêveuse invétérée, femme de caractère. Mais chut ! Le musée est un temple où règnent la quiétude et le silence ! Marina, femme-animal obstinée, de l’oisillon rêveur passe, sous nos yeux, au rapace impitoyable. Au gré de ses combats, on la voit devenir volatile, on entend résonner dans les entrevues le cri de l’aigle. Elle parle seule, à sa secrétaire, à son patron. Elle s’adresse au peuple, micro à la main. Sur scène, un grand voile, tantôt mur, tantôt écran, nous montre marina de l’intérieur comme de l’extérieur. Parfois devant, exposé à la rigueur du monde, parfois derrière, ruminant une colère terrible, et parfois dessus, projetant les images de la forme animal qui respire en elle. Et lorsqu’elle craquera, lorsque cela ne sera plus possible, Marina s’envolera. Pour toujours. Comme si le monde ne lui suffisait pas. Mais nous l’aurons vue sereine, ivre, sèche, dure, blessée, en colère. Et même, un court instant, heureuse.