de Yukio Mishima
Avec Audrey Daoudal, Camille Demoures, Vivien Simon
Création lumière Laura Mingueza
Mise en scène Marie Hasse
L’histoire
Une belle geisha, Hanako, tombe amoureuse d’un jeune homme, Yoshio, qui lui offre son éventail en
gage d’éternelle fidélité. Trois ans ont passé. Recueillie par une artiste peintre qui l’a emmenée à Tokyo,
Hanako se rend chaque jour à la gare pour guetter, l’éventail à la main, le retour de son aimé, qui entre-temps a perdu sa trace...
La mise en scène
Dans ce Nô moderne, peu d’action, conformément à la forme ancienne. Peu de paroles aussi, et visiblement
l’essentiel n’est pas là : la parole, réduite à ses fonctions les plus élémentaires, semble même à peine
destinée à autrui. Les personnages ne se disent rien. Ils s’expriment. C’est un théâtre de l’expression. Il n’est rien ici qui ne fasse sens, la parole n’en étant qu’un vecteur parmi d’autres – telle que la danse qui dispose les corps les uns par rapport aux autres. Pourtant, la situation elle-même est assez insensée, les deux personnages féminins sont même dangereusement proches de la folie : Jitsuko ne peut vivre que d’un amour impossible, tandis que Hanako, attendant le retour de Yoshio et se gardant tout entière pour lui, s’est enfermée dans une sorte de « ne pas être » situé comme en deçà de l’alternative entre la mort et la vie. Et de tout cela, pas un mot. Presque pas. Une main se lève, délicatement, rempart masquant l’insoutenable
violence de ces indicibles démences. À la japonaise.